Pour se sentir vivantes, elles ont continuellement besoin de se mettre en danger. Grimper plus haut, conduire plus vite, affronter le feu de plus près… Héroïnes ou masochistes?
Emotions. Sensations. Excitation. A écouter ces passionnées décrire leurs aventures, on pourrait presque imaginer qu’elles parlent de relations charnelles. « Quelle jouissance, quelle extase », s’enflamment-elles. Mais non. Ce qui fait vibrer ces femmes en quête du grand frisson, c’est moins la sensualité que le goût du risque. Saut dans les airs, escalade, navigation, course automobile, combat contre le feu… ce que cherchent ces aventurières de l’extrême, c’est à danser au bord du vide.
Des cas rares? Pas tant que ça. Pour preuve, la belle notoriété de quelques intrépides, grandes pourvoyeuses de vocations durant ces trente dernières années. Catherine Destivelle, première femme à gravir les trois face nord des Alpes, en hiver et en solitaire. Florence Arthaud, première femme à remporter la Route du Rhum. Emmanuelle Perié, plongeuse et exploratrice des dessous de la banquise arctique… Des inconscientes? On le leur reproche souvent. Quand on ne les juge pas infantiles, égoïstes, irresponsables ou carrément suicidaires. Toutes s’en défendent farouchement. « Ce n’est pas une pulsion de mort qui nous pousse à agir. C’est au contraire une pulsion de vie. » Dépasser ses limites plutôt que de s’enkyster dans une existence étriquée, dominer ses peurs plutôt que d’étouffer d’ennui, voilà ce qui les fait courir. Ce qu’elles aiment par dessus tout? Le vertige associé au défi. Sentir leur cœur bondir, leur vision s’aiguiser, leur tension s’élever. Se dépasser. Pour toutes, c’est une question de survie. Beaucoup le reconnaissent: comme l’alcoolique a besoin de son verre ou le toxicomane de sa drogue, ce qu’elles veulent à tout prix, c’est leur shoot régulier d’adrénaline. Pour la sensation d’énergie qu’il procure mais aussi pour le bien-être physique et mental qui s’ensuit. Pure folie ou grand courage. Témoignages de trois rebelles.