Une étude montre que les Français apprécient plutôt cette nouvelle organisation. Premier volet de notre série sur la santé au travail.
Un quart des salariés français, soit plus de 5 millions de personnes, ont exercé leur activité à distance pendant le confinement. C’est près de 8 fois plus qu’avant la crise sanitaire. Une expérience singulière qu’ils ont, dans l’ensemble, plutôt bien vécue, si l’on en croit une enquête* de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Nous vous en révélons les grandes lignes en exclusivité à l’occasion de la Semaine pour la qualité de vie au travail, qui se déroule à partir du 15 juin : 67 % des répondants disent ainsi avoir disposé d’un environnement matériel adapté au télétravail, 87 % d’outils numériques adéquats et 77 % d’un soutien de leur manageur.
Un tableau qui mérite toutefois d’être nuancé. Près de la moitié des personnes interrogées ont ainsi eu le sentiment de travailler davantage que
d’ordinaire, ce qui s’est traduit notamment par un surplus de fatigue. C’est le cas de Guillaume Mock, 44 ans, ingénieur automobile chez un équipementier japonais : « J’avais déjà l’habitude de travailler à distance, mais pas à ce rythme. Depuis le confinement, je fais beaucoup plus de visioconférences, je termine le travail plus tard et je m’accorde moins de pauses dans la journée. »
« Dans les conditions habituelles, le télétravail présente beaucoup d’avantages pour les salariés, en termes d’autonomie, d’efficacité et de fatigue », rappelle Jacques Leïchlé, expert en organisation du travail à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). « Mais dès lors que cette organisation est imposée et pratiquée à temps plein, nécessairement à domicile, dans un environnement familial particulier, elle peut générer des risques accrus d’isolement social, d’hyperconnexion et de chevauchement des temps professionnels et personnels. » Sans compter les troubles musculo-squelettiques liés à une mauvaise posture ou une mauvaise installation.
Pas de quoi décourager les Français : 88 % entendent bien prolonger l’expérience sur le long terme. Mais avant d’institutionnaliser la pratique
dans une charte ou un accord, il est important que les entreprises sondent leurs équipes. « Même quand la crise sanitaire sera derrière nous, il ne
sera pas trop tard pour mettre en oeuvre les formations adéquates afin de permettre à l’avenir aux salariés de télétravailler efficacement, en bonne santé, et aux manageurs de mieux les accompagner », souligne Jacques Leïchlé.
*Questionnaire mis en ligne sur le site de l’Anact du 8 mars au 10 mai, auquel ont répondu 8 675 personnes en situation de télétravail dans le cadre du confinement.
Dropbox aide ses salariés à aménager un bureau à domicile
Allocation matériel, formations pour les manageurs, cafés virtuels… Dropbox ne lésine pas sur les moyens pour permettre à ses équipes de rester productives à distance. L’entreprise américaine n’a pas attendu le Covid 19 pour se frotter au télétravail. « Comme la plupart de nos équipes sont disséminées sur différents sites à travers le monde, on a toujours laissé la possibilité à nos collaborateurs de travailler d’où ils veulent, quand ils veulent », souligne Thibaut Champey, directeur général de Dropbox France. Une bénédiction pour Héloïse Boungnasith, 34 ans, responsable de la qualité de la traduction vers le français. « Fini le stress du matin, le saut dans la douche mal réveillée et le métro bondé », témoigne-t-elle. « Les jours où je travaille de la maison, je dors plus et mieux, j’attaque mes journées plus sereinement devant un café. Résultat: ma productivité est décuplée.»
230 € POUR S’ÉQUIPER
Plus facile évidemment d’accorder ce genre de privilège à ses salariés quand on est une plate-forme collaborative de partage de fichiers à distance ! Mais ça ne fait pas tout. « Quand le télétravail a été généralisé dans l’entreprise, début mars, on ne pouvait pas se contenter de dire aux 2900 employés (NDLR : dont une trentaine en France) : Prenez votre ordinateur portable chez vous et travaillez comme d’habitude avec nos outils », insiste Thibaut Champey. Chacun s’est donc vu accorder une allocation de 250 $ (230 €) pour aménager son espace de travail à la maison. Y a été ajouté un forfait de 40€ pour les connexions Internet. Des efforts qu’Héloïse a appréciés. « J’ai ainsi pu acheter un routeur wi-fi, qui multipliait mon débit par 4 », raconte-t-elle. «C’était fondamental pour mener des appels vidéo de qualité et télécharger du contenu rapidement. J’ai également investi dans un casque Bluetooth avec réduction de bruit pour ne plus entendre les cris des enfants du dessus. »
CAFÉS D’ÉQUIPE VIRTUELS ET FORMATION DES MANAGEURS
Afin de faciliter les relations entre collègues, chacun a été invité à mettre à jour son document « Work With Me », qui renseigne ses horaires de travail, ses contraintes ou son mode de communication favori. « On a également instauré des cafés d’équipe virtuels trois fois par semaine pour garder le lien et on a mis en place des formations pour aider les manageurs à gérer leurs équipes complètement à distance », indique Thibaut Champey. Un signe que le télétravail deviendra demain la nouvelle norme dans l’entreprise, à l’instar de Facebook ou Twitter ?